mardi 13 mai 2014

Chatouillement orgasmique intérieur

J'ai pas dû dormir depuis un siècle. Comment les gens font-ils ? C'est comme si, dès que ma tête se déposait sur mon oreiller, des tas de pensées telles des poussières du temps venaient s’apposer sur ma conscience. La conscience. Mais moi je ne veux pas être conscient. Les limbes. Pourquoi le besoin de toujours y revenir ? Combattre le vide par le vide. Subir serait beaucoup plus exact. Qui choisit pour moi ? Depuis quand ai-je le choix ? On a toujours le choix. Tous les jours. Aujourd'hui, j'ai choisi de me laisser aller. Observer. C'était étrange et bien. Changement de perspective. Ramener les choses à un degré beaucoup plus vrai, plus cru. Médium saignant, mais plus saignant que médium finalement. Aujourd'hui, j'ai vu bien du monde vénérer. Ils étaient plusieurs centaines. Les écrans. Partout. Et beaucoup trop de gens pour les regarder, la bave au coin de la bouche. C'est triste. On est triste. Ben non, on l'est pas tant que ça. Ah ouin ? Explique-moi donc ça. Ben j'sais pas là...hé on va tu aux foufs ? Tu veux y aller ce soir ? Oui, go. Hé on s'prend-tu une photo de nous deux ? Oui, go. Hé j'ai tellement bu que j'me suis écrasé à terre (oui, go). J'voyais pu rien pis c'était drôle. J'avais comme le bout des bras engourdis. J'avais perdu mon cell, mais fallait que j'réponde à un texto full important. Fuck, prend une photo, j'suis trop drôle la face à moitié dans le vomi et l'autre dans la bière renversée des saoulons sans fond. À moins que ça soit mon vomi. J'sais pu ah ah ah ah.


Ah ah ah ah ah ah ah ah ah ah ah ah ah

mardi 6 mai 2014

Jeune écrivain cherche riche mécène

J'suis allé au Starbucks pour écrire. J'avais pas vraiment le choix. Au départ, c'était un autre café qui m'intéressait, mais il venait de fermer pour cause d'ouverture d'un nouveau Starbucks. Ça fait que j'ai traversé la rue et me voilà attablé dans un commerce à engrosser des porcs américains avec leur latté à 50 piastres et leurs repas qui coûtent deux mois de loyer. Pis ça parle fort et ça parle de n'importe quoi. J'essaye tant bien que mal de me concentrer, mais tout ce qui me traverse l'esprit est cette voix anglophone qui répète sans arrêt comme un monologue infini «Grandé latté, frappucino caramel, iced mocha, venti cappuccino...» et moi qui meurt sous l'envie irrépressible de taper le plus de lettres possibles sur mon clavier avant de mourir. J'suis sorti. J'étais pu capable. La musique, l'ambiance bourgeoise (si peu bohémienne malgré ses tentatives), mon latté que je venais de terminer. Non, non, non.

Au loin, j'entendais les balançoires musicales pleines de touristes. Ce qui au départ m'avait semblé être une simple et banale poésie urbaine s'était vite transformé en enfer. Il n'y avait nulle part où écrire et absolument plus rien à dire. Même ce délicieux personnage que je venais de créer n'arrivait plus à me faire bander. Son cellulaire camouflait ses plus beaux attraits, bien que j'aurais voulu me noyer dans ses yeux. Mais ces derniers arrivaient à peine à refléter son flux incessant de son univers facebookien.

Jeune écrivain #tout simplement ennuyé. Avec @Yolomonordi et @Noyonsnousdanslalcoolpouroublier

jeudi 24 avril 2014

Papillon de nuit

Peut-être m'étais-je un peu trop rapproché de la lumière pour comprendre quoi que ce soit ? 

L'éclat de l'astre incendiait en mille feux ma rétine, me rendant de plus en plus aveugle. Comme un vulgaire insecte, attiré par un néon, puis brûlé. Où peut-être suis-je simplement et irrémédiablement séduit par mon appétit de destruction ? Le papillon de nuit sait-il qu'il risque la mort en approchant désespérément la flamme d'une chandelle ? Et s'il le savait, s'arrêterait-il pour autant ? Entre mourir et être heureux, ou vivre sans éclats, le choix est assez évident. Je n'ai plus peur de la mort. Mais j'ai une incommensurable phobie du malheur. Ou plutôt, de la vie sans éclats. 

Je pourrais jurer être exactement à la même place qu'il y a six mois.

La roue de l'éternel retour qui tourne et tourne et tourne...

J'entendais encore son rire, sonnant dans les plus profonds lointains de l'appartement, qui résonnaient entre les parois étroites, répercutant en échos éternels sur les murs blanc de ma chambre. Il avait plu cette journée-là. Et je me rappellerai toujours des orages qui éclataient sur sa figure, dans ses yeux couleurs d'abysses. Il m'avait parlé de son projet. C'était lourd. Trop lourd pour mes petites épaules. Ça m'avait donné mal à la tête. Un peu comme un lendemain de brosse, mais qui ne finirait jamais. Il riait. Mais moi je ne comprenais rien.

Il n'y avait rien à comprendre.

La Dame à la clôture bleue

Et parfois, je pense à elle, complètement oubliée de la mosaïque de son passée, recluse dans son petit malheur prolétarien de banlieusarde. La vie n'avait pas été juste avec elle, mais la vie, que j'appris avec du recul, ne connaît aucune justice. La seule qui existe est celle que l'on se créer. Et si la pitié m'envahit alors que je la vois dépérir, je ne peux empêcher l'angoisse montant en mon être de me rappeler la décision désagréable, tranchante, que je dû faire quelque mois plus tôt. Ou bien alléger quelque peu son malheur (si la chose est belle est bien possible) en restant à ses côtés et ainsi sombrer sous l'énorme claustrophobie d'une charge trop lourde pour mes épaules frêles, ou bien partir, ne pas regarder en arrière et continuer la tête haute vers le sentier de mon destin. Et si, parfois, il m'arrive de regarder en arrière, ce n'est que pour me rappeler mon bonheur, autrefois étroitement éphémère, devenu réalité sur la route que je trace aujourd'hui par moi-même. L’égoïsme, comme seul moyen de survie.


Non, je ne regrette rien. Sauf, peut-être, de ne pouvoir transformer ma joie en maladie contagieuse. Mais, de cette maladie, elle a depuis longtemps contracté tous les anticorps possibles. 

dimanche 20 avril 2014

Penseur, cesse de penser

Enthousiasmé par la joie occasionnelle d'une brève interruption mentale
Il va, courant plus vite que les torrents, à l'encontre de l'astre fabuleux
Et prend feu, et brûle, et se consume jusqu'à l'interminable filtre
Qu'il honorait, autrefois, lorsque sa vie n'était qu'interne
Et terne et insignifiante et disgracieusement blasphématoire
Et qui, aujourd'hui, lui fait se dire: «comme je suis laid !»

mercredi 26 mars 2014

Changer de cap pour voir cette facette inédite de la vie, celle qui n'était qu'un reflet d'une possibilité antérieure. Trouver une nouvelle trajectoire et monter à pieds joints sur celle-ci pour voir un peu de paysages. Tourner et tourner jusqu'à en être étourdit par le vent de la liberté et le sens de la gravité qui tient mes pieds biens ancrés dans ce sol riche et nouveau qui resplendit de sa fertilité. Planter une graine, simplement pour la voir pousser, prendre de l'expansion et toucher le ciel des possibilités. Ramasser son fruit si juteux, si vivant, chaque jour, sans jamais être rassasié et toujours en restant sur son appétit. Boire. Boire, comme jamais auparavant on aura bu, à même la source dans laquelle l'arbre prend racine. Boire jusqu'à en s'étouffer et tousser tout ce qui a de plus laid hors de soi pour l'expulser hors du jardin immaculé et ne plus jamais le revoir. Et nager jusqu'aux plus bas fonds de ce lac pour en ressortir que lorsqu'il n'y a plus une once d'oxygène dans les poumons et que la première respiration devient alors jouissance. Et alors, le ciel de se montrer dans toute sa nudité la plus profane, la plus nihiliste, la plus sauvage, et qui murmure, de ses ouragans silencieux, cette vieille chanson, tant reprise, qui a un air si doux, une mélodie si envoûtante et qui berce le monde depuis avant même qu'il soit chérubin. Puis, j'ouvre les yeux. 


Tiens, j'aurais juré que le soleil se couchait à l'ouest et non au sud. 

lundi 24 mars 2014

Volonté de puissance ramollie

Alors que je suis assis devant une magnifique journée aux reflets dorés et que je m'ennuie tranquillement, sans trop de désespoir, je ne cherche qu'un peu de délivrances aux douleurs d'un printemps tardif. Alors que je suis, monotone, cette même routine vicieuse porteuse d'aucun avenir avec une désinvolture sincère et inavouée, je ne cherche qu'une issue, une façon de voler loin d'un ennuie constant et désagréable. 

Alors que j'écris ces lignes, je cherche désespérément le soleil. Certes, j'ai autrefois été qualifié de rêveur, mais je ne me reconnais plus dans cette définition. Même la douce échappatoire qu'est la pensée n'arrive plus à rassasier mon appétit constant pour l'aventure. Je dois partir, courir, jusqu'au bout de cette terre pour ne plus voir ce monde de fou. Ce même monde dans lequel je tente, depuis bientôt dix-neuf ans, de me faire une place bien au chaud et qui reste, pourtant, bien hostile à ma soif. 

Suis-je un paresseux qui ne cesse de se plaindre ? Suis-je un pelleteur de nuage qui lit Nietzsche pour avoir bonne conscience ? Je suis en quête. Mais la quête est longue et les stupéfiants ne font qu'endormir mes sens assoiffés. Ce monde est malade. Et il est de plus en plus contagieux. 


mercredi 12 mars 2014

Coupure

Laisse-moi être clair avec toi. Il y a moi, maintenant, et il y avait un petit garçon. Tous les deux avons le même nom et pourtant deux vies complètements différentes. 


Il eut lui et là il y a moi. C'est tout. Ne cherche pas de lien. 

La junkie

Elle est venue me parler, comme ça, après dix ans d'absence. Ce n'était pas qu'elle m'avait manqué. Elle n'avait joué qu'un rôle secondaire dans ma vie, presque une figuration. Son visage auparavant si joyeux était à présent ravagé de ce qui me semblait être une fatigue intense. Erreur. C'était la drogue. Encore et toujours ce serpent vorace assaillant même les plus purs de ce monde. Si vous l'aviez vu, une décennie plus tôt, jamais vous n'auriez cru à ces crevasses qui forment aujourd'hui son visage. Je me rappelai qu'il n'y a pas si longtemps je devais avoir l'air à peu près semblable. Moi non plus, vous ne l'auriez pas cru à l'époque. Pourtant comme tout cela semblait avoir du sens dans ma vie ! Et toujours le serpent rode, prêt à m'assaillir au moindre signe de faiblesse. 

Si je suis plus fort depuis quelque temps, c'est en partie parce que j'ai arrêté et en partie parce que j'ai peur du serpent. C'est bien de se l'admettre. Maintenant, il me faut briser cette peur. Mieux, il me faut en rire. Parce qu'il n'y a rien de pire au monde que de respecter ses peurs. C'est comme s'abaisser devant son bourreau. Se mettre directement la corde au cou. Et mon cou, plus jamais, ne souhaite se faire enchaîner. 


Je suis un chien sans laisse. Et quand j'ai vu la junkie, je n'avais qu'une seule envie: grogner. Grogner de toute ma gorge pour la fuite du serpent venimeux. 

Sangsue

Tu voles comme tu respires. Parasite que tu es, tu ne peux vivre sans l'existence de l'autre. Tu gruges et tu dévores, à tour de rôle, énergie, joie et déprime. As-tu seulement une existence extérieure à l'autre ? Si l'on coupait du jour au lendemain tous les ponts, sombrerais-tu dans le néant de l'existence ? Que serions-nous sans les sangsues de notre vie ? Irions-nous beaucoup plus loin sans ce fardeau, ce boulet qui nous retient comme un prisonnier ? Ne t’agrippe pas à moi, par pitié ! Mon âme est faite pour voler et toi tu as comme ambition de ses ailes lui amputer ! Assassin, sans destin ! De quoi as-tu peur ? De quoi souffres-tu ? Allez, ce n'est pas sain que cette existence ! Allez, invente-toi donc une réalité !

Le lion et la tempête

Hier, c'était le printemps. À vrai dire, ce n'était qu'un mince aperçu, une oasis perdue au milieu de l'hiver, comme venu pour nous narguer. Hier, c'était le printemps et un feu de joie brûlait en mon cœur. On voyait les gens heureux, on sentait l'air chaud sur notre peau et des bouts de gazon criaient alléluia à la photosynthèse. 

Hier, j'ai marché, longuement, sans pour une fois ressentir l'envie de m'immoler vivant. Le soleil resplendissait de ses jours les plus heureux, miroitant la flamme du plaisir le plus brut. Hier, c'était le printemps. Et aujourd'hui ?

Aujourd'hui, l'oasis fut attaquée, brisée. Ce n'était qu'un mirage au milieu du blizzard, notre envie extériorisée au milieu de la grande dépression. J'ai réentendu les «j'ai hâte que ça soit l'été» qui ont tant ponctué mes journées de décembre à février. J'ai revécu le malaise. 


Mais cet hiver-ci n'a pas été comme les autres. Il m'a beaucoup appris, certes. Et je n'ai peur d'avouer d'en être ressorti vainqueur. Car cet hiver, j'ai appris la nécessité d'être guerrier. Oui, moi, être presque entièrement pacifiste, j'ai appris qu'à travers l'hiver on ne peut se laisser marcher sur les pieds. Ou bien on se bat, et ainsi on fait reculer la glace, ou bien on fige et on sombre. Et nous, peuple nordique, sommes le reflet même de ce climat. Il faut combattre la mauvaise influence, la réduire en morceaux et la détruire si l'on ne veut pas être détruit. Oui, j'ai hâte qu'il soit été sur mon pays. Mais je sais aussi que de s'enfermer dans cette nostalgie ne vient qu'accentuer le manque et la déprime. Bien des hivers passeront encore et aussi bien des étés. Il va falloir, tôt ou tard, s'y habituer. Ou alors mourir. 

vendredi 21 février 2014

Survivre février

Le creux, les abysses de mon passé

Loin loin de moi cette mauvaise énergie, par pitié

Le creux, l'inspiration, la démotivation, le regret

La naissance, la mort, la renaissance, la deuxième mort....

Inspire, expire, inspire, expire, expire, expire, expire....

Le froid, la neige, la pluie, l'eau, le cycle infini de la vie

La roue qui tourne, l'éternel retour

Survivre à février

mercredi 19 février 2014

J'aimerais tant pleurer toutes les larmes accumulées qui n'ont jamais réussi à sortir. J'aurais tant aimé me vider de tout ce mal qui m'habite, cet étrange malaise d'un désagréable invivable. C'est comme si je perdais le contact. Où sont mes émotions ? Ai-je déjà eu un cœur ? Je suis si fragile, si nu derrière cette façade constante que je ne fais même plus de sens. Ai-je déjà eu un sens ? Y a-t-il vraiment une bonne raison de vivre ? 

Donne-moi un peu de souffle, car j'ai du mal à reprendre mon inspiration. Toi qui vibre de toutes tes cordes, moi qui sombre dans le pathétisme le plus extrême. Je ne cherche pas de podiums. Je ne cherche pas de gloire. Je cherche simplement un peu d'humanité compréhensive dans un monde où tout va de plus en plus vite. Je n'ai pas envie d'aller vite. Je n'ai pas envie de courir après votre bonheur. Mais c'est que, à côté du vôtre, le mien semble si petit, si insensé. Si inutile. 


Je ne navigue pas sur vos mers. Je ne sens pas votre brise qui gonfle vos voiles. Moi je dérive, à contre-courant. Et j'essaye tant bien que mal de m'en sortir avec ma situation. Où est passé mon bonheur ? L'avez-vous ramassé en chemin ? Lui qui semblait se noyer dans vos eaux. J'ai encore le goût de la vie. N'essayez plus de me le ravir. 

Et toujours ce même constat douloureux:

«Où est passé le lion ?»

vendredi 31 janvier 2014

Fiction du vin

«Mon passé ? Mais en quoi ça peut bien te foutre de t'intéresser à mon passé ?»

Les mots étaient sortis trop vite sous l'impulsion de l'irritation. C'était pas bon. C'était toujours dans ces moments-là que je devenais violent.

«Fâche-toi pas, j'essaye juste de m'intéresser un peu à toi»

Il était là, nu comme un ver, dans mon lit. Il était aussi nu que la sculpture de David et pourtant j'avais juste envie qu'il se rhabille. J'avais juste envie qu'il parte.

«Mon passé, c'est mon passé et t'as aucunement le droit de m'en parler. En fait, j'ai pas besoin qu'on s'intéresse à moi. Tu peux arrêter d'essayer»

Il n'avait pas l'air de comprendre la guerre sanglante qui se jouait en mon visage. Il ne comprenait jamais rien. 

«Je suis là, maintenant, live. Pourquoi t'aurais besoin d'en savoir plus ? C'est pas assez ? »

«Arrête Sam. J'ai compris »

«J'ai pas de passé. Pose-moi pu c'te genre de question-là»

«D'accord»

Le silence fut long pendant longtemps. En fait, je dis silence, mais ce n'est pas entièrement vrai. Le disque d'Harmonium que j'avais mis achevait et je redoutais le vide, le vrai, celui qui arriverait après la chanson. Pourquoi après le sexe venaient toujours les discussions les plus inintéressantes ? J'avais juste envie de baiser. J'avais pas besoin qu'il me parle de ça. 

Je me suis levé pour remplir mon verre. Le vin commençait vraiment à me monter à la tête. Pourtant j'en voulais toujours plus. Un vrai trou. Il m'a regardé bizarre après que j'aie rempli mon verre. 

«T'en veux ?»

«Non merci. J'en ai bu assez pour à soir»

«Comme tu veux»

De toute façon, j'avais juste dit ça pour être poli. Tant mieux s'il n'en prenait pas. Ça en faisait plus pour moi. Surtout une bonne bouteille comme ça. Si j'avais pu, je me le serais injecté directement dans les veines. 

J'avais chaud. C'était absurde. J'étais absurde et saoul et complètement nu. Tiens, remarquais-je, il n'y a plus de musique. Habituellement, je me serais levé pour aller mettre un autre album. Mais pas ce soir. Peut-être que c'était de ça que j'avais besoin ? Du silence pur et brut. Y'a rien de mieux pour me relaxer. 

Mais évidemment il se remit à parler, probablement pour couvrir le malaise lourd et sale que j'avais introduit dans mon lit. Je l'écoutais à moitié, faisant des mhmm et des ah bon de temps en temps. C'était pas du tout important tout ça. C'était remuer de l'air pour une simple brise. Moi, j'avais envie d'un ouragan. 

Après un court laps de temps et une coupe de vin, je décidai que ça en était assez. Je lui sautai dessus. Ça, ça lui en a boucher un coin. Ou deux. Il n'a pas reparlé après ça. Il s'est endormi bien vite après sa petite mort. Et moi, je restai là à attendre qu'il s'endorme. 


Lorsqu'il se réveilla, je n'étais plus là. 

dimanche 26 janvier 2014

Écriture automatique

Je ne sais que faire de tout ce bouillonnement qui frissonne mon corps. C'est comme si je canalisais cent mille énergies à la fois sans pourtant réussir à en synthétiser une seule. L'énergie pénètre par mes jambes et remonte tout le long de ma colonne jusqu'au haut de mon dos. Sur mon crâne danse une couronne pourpre qui tangue sous la flamme de l'univers. Je respire cet air nouveau qui balaie la terre aussi vieille que l'éternité. Et je me sens renaître de mes cendres. Voilà toute ma force: je suis un phénix qui ne cesse de vivre les renaissances de tous moments. Je ne peux endurer plus que quelques instants un stade de ma conscience. Il me faut le mouvement. Il me faut bouger. Je dois me sentir connecter à cette terre qui m'habite. Je dois vivre à cent cinquante millions de kilomètres à la seconde tout en possédant la sagesse de savoir savourer un instant aussi longuement qu'une vie. Voilà le paradoxe fort simple de mon existence.


Alors que je passe la nuit debout et que je n'ai point connu de sommeil depuis plus de vingt-quatre heures, je sens la valse de la vie qui me rattrape. L'insomnie est parfois ma seule amie, mon seul espoir avant l'aube et je me dois de la chérir. Le sol tangue sous mes pieds alors que j'essaie en vain de me créer un centre de gravité. C'est comme ça la vie: parfois on tente de se stabiliser et pourtant tout glisse vers le néant. Je dois survivre jusqu'à l'aube pour vivre le septième ciel. C'est comme ça. Point. 

samedi 25 janvier 2014

Le rugissement du lion

Ô lion de feu habitant mon corps
Qui rugit, lumière d'un vacarme orageux
Sur mon âme, ton souffle de vie est d'or
Et découvre de tous nuages mon ciel ténébreux

Je vois à présent et pour la première fois
Le soleil, ma source inépuisable d'inspiration
Sur ma peau, la chaleur inébranlable de ses rayons
Atteint mon espoir et, en la vie, m'a redonné foi

Cet hiver, je n'ai plus peur de le confronter
Plus jamais mon coeur ne se laissera givrer
Car je m'élève, ô oui, je me sens vibrer
Des hauteurs d'une sagesse empreinte de liberté

Et je vois, enfin, de cette montagne incommensurable
L'appel des horizons de l'inconnu, quelle familiarité !
Je flotte la teinte empreinte de rythmes endiablés 
Et les pieds, par la terre, enracinés dans l'éternité


lundi 13 janvier 2014

L'Odyssée du lion: le cinquième jour, ou le lion amoureux du soleil

«J'ai une crinière d'or reflétant les rayons les plus puissants
De l'astre de feu qui brûle en mon cœur
J'ai une volonté de fer qui ne connaît guère les leurres
Je suis léger, je pense profond, je vis vaillamment

Le soleil me brûle le corps tout entier
Je n'ai jamais rien connu de tel
Les vents inconnus de la hauteur m'appellent
Je suis ma voie, mon seul et unique sentier 

De la destinée, je ne connais pas
Je décide plutôt d'expérimenter ma propre foi
Quand rien ne semble adéquat pour moi
Il faut savoir vivre hors la loi

Des valeurs et des dogmes insidieux
J'en ai vu des milliers, du perçant de mes yeux
Je refuse d'avaler ces pensées du peureux
Je suis, et resterai toujours, mon propre dieu

Puisses-tu me guider de ta force surhumaine
Ô toi, étoile de vie, lumière de force
Je pousserai bientôt ce rugissement de mon abdomen
Pour que dans l'éternité, tu incendies mon insatiable torse»

Ainsi parla le lion au Soleil 
Vermeille, précieux et sans pareil
Courant droit devant vers son but
De son bonheur le plus brut

samedi 11 janvier 2014

L'Odyssée du lion: le quatrième jour, ou comment le lion fit halte le temps d'une dernière nuit

Le lion fit halte au quatrième jour et s'installa près d'un lac tranquille au milieu de la forêt. Le crépuscule prenait naissance et le lion se préparait à faire ses adieux. En effet, il devra saluer une dernière fois sa grande amie, la nuit, avant d'effectuer son périple, sa bataille ultime pour la liberté. Le lion était plein de chagrin, car la nuit avait toujours été son royaume. Bien plus que cela, elle avait été sa plus grande complice. Lorsque les journées n'avaient plus rien à offrir au lion, c'était la nuit qui lui faisait asile. Lorsqu'il se sentait plus que rejeté par ce monde auquel il n'adhérait pas, c'était dans la nuit qu'il avait trouvé son plus grand refuge. La nuit était tout pour lui et il voulait lui rendre tout son amour en cette soirée du Quatrième jour.

Lorsque le soleil fut depuis longtemps couché et que la lune atteignit son zénith, plus aucune larme ne perlait aux yeux du lion. Pourquoi pleurer une si grande amitié ? Ce n'était pas que de lui rendre hommage en pleurnichant de la sorte. Alors il se releva et se rapprocha du lac dans lequel il observa son reflet. Il y vit la lune, grandiose et solitaire dans un ciel sombre couvert de nuages. Dommage qu'il n'y ait pas eu les étoiles puisque le lion aimait bien ces petites âmes scintillantes qui accompagnaient l'astre lunaire dans sa trajectoire. Il se détourna du lac et se laissa couvrir par la brise calme du vent nocturne.

En vérité, le lion était un être de nuit. Tout le sang coulant en lui provenait de la nuit la plus sombre et brumeuse qu'il n'y avait pas. Pourtant, il lui fallait tuer la nuit pour vivre entièrement du soleil. Ce n'était que de cette façon qu'il parviendrait à recouvrir l'équilibre précaire de sa vie. Ce n'était pas un adieu véritable, seulement un hommage à son passé qu'il tenait à rendre avant de pousser son premier rugissement. Le lion était né d'une volonté et d'un espoir aussi brûlant que le soleil à son midi et d'une profondeur aussi insondable que la lune par temps nuageux. Et cela, il ne l'oubliera jamais.

Un peu avant l'aube, le lion parla ainsi: «Amie, nous partons tous les deux dans des directions complètement opposées et pourtant nos chemins ne pourraient être plus liés. Pardonne-moi ce départ, mais je me dois d'écouter mon cœur et il désire le soleil. Il a besoin du soleil. Il l'exige de son énorme voix et je me dois de l'écouter. Le jour où la volonté d'un individu sera contraire à la voix de son cœur, ce sera la fin de son règne et le début de sa déchéance. Nuit, j'espère plus que tout te retrouver dans une prochaine vie. Puisse ton immense clémence et ton amour pour les âmes solitaires ne jamais changer ! Je ne t'oublierai jamais. »

Le lion prit le temps d'apprécier la nuit jusqu'à ces dernières secondes. Il se laissa bercer par le calme, les yeux fermés, mais les sens enivrés de son amie. 


Alors le lion s'en alla, aussi léger que l'air. Ses pas le menèrent, candides, vers l'Aube naissante d'une merveilleuse journée.  

mardi 7 janvier 2014

L'Odyssée du lion: le troisième jour, ou comment le lion fit de ses observations une terrible conclusion

Au troisième jour, le lion
De son invisibilité, déambula
Les avenues glaciales de son ascension
Et en lui eut lieu tous les débats

D'abord, il n'y a point de bien
Et point de mal; seulement la réalité
Ne les cherchez pas, car en vain
Sur une impossibilité, vous chuterez

Ensuite, tout ce produit pour une raison
Mais ne cherchez point de raison à l'action
Telle la beauté, elle est inexplicable 
Et d'admettre le contraire serait l'irréparable

Et, parlant de la beauté, elle est en toutes choses
Elle ne connaît aucune valeur préétablie
Et en elle règne la subjectivité; gloire à celui qui ose
Tenir les rênes rebelles de son interne poésie !

Certes, le lion comprit énormément en disparaissant
Le monde n'était peut-être pas prêt pour lui
Mais qu'en a-t-il à faire lorsqu'en lui brûle la vie ?
Et qu'elle ne connaisse la satiété, l'aveugle épanouissement ?

Le lion comprit aussi qu'il devra bientôt rugir
À ses pieds, la patrie qu'il tente d'atteindre, d'unir
Et qu'il tantôt cherchait tant à fuir
Devra, sous son poids, fléchir 
Ou alors mourir


Alors le lion comprit que la première bataille se mènera au cœur même de sa patrie

dimanche 5 janvier 2014

L'Odyssé du lion: le deuxième jour, ou comment le lion parvint à devenir invisible

Au deuxième jour, le lion pleura
Devant l'immensité qu'était sa quête
Il arriva à ce simple constat :
Se battre, pour éviter la reconquête

Son cœur se remplit du désespoir brûlant
Habitant ces contrées inhospitalières 
Dans lesquelles il devrait vivre, régnant
Aussi glorieusement que son royaume d'Hier

Si c'était cela le monde, peut-être avait-il
fait la plus grande erreur de sa vie
Peut-être aurait-il dû rester sur son île ?
Où il pouvait laisser aller librement ses appétits

Mais ce monde-ci n'était pas son habitat
Et il était bien loin d'être invincible
Alors le lion arriva à ce second constat :
Pour survivre, il devra devenir invisible

Alors le lion disparut de tous regards


jeudi 2 janvier 2014

L'Odyssé du lion: le premier jour, ou comment le lion se réveilla d'un long et profond sommeil

Au premier jour le lion se leva
Et de ses yeux voilés observa
La cruauté régnante, joliment cruelle
D'un monde auquel il n'appartenait pas

Alors il décida de se recoucher.

Le prince est mort ! Longue vie au roi !

Terminée la brumeuse épopée
De l'enfant mature, buzzé
Voici maintenant venir, candide
Le règne du lion lucide