vendredi 13 juin 2014
mardi 13 mai 2014
Chatouillement orgasmique intérieur
J'ai pas dû dormir depuis un siècle. Comment les gens font-ils ?
C'est comme si, dès que ma tête se déposait sur mon oreiller, des tas de
pensées telles des poussières du temps venaient s’apposer sur ma conscience. La
conscience. Mais moi je ne veux pas être conscient. Les limbes. Pourquoi le
besoin de toujours y revenir ? Combattre le vide par le vide. Subir serait
beaucoup plus exact. Qui choisit pour moi ? Depuis quand ai-je le choix ? On a
toujours le choix. Tous les jours. Aujourd'hui, j'ai choisi de me laisser
aller. Observer. C'était étrange et bien. Changement de perspective. Ramener
les choses à un degré beaucoup plus vrai, plus cru. Médium saignant, mais plus
saignant que médium finalement. Aujourd'hui, j'ai vu bien du monde vénérer. Ils
étaient plusieurs centaines. Les écrans. Partout. Et beaucoup trop de gens pour
les regarder, la bave au coin de la bouche. C'est triste. On est triste. Ben
non, on l'est pas tant que ça. Ah ouin ? Explique-moi donc ça. Ben j'sais pas
là...hé on va tu aux foufs ? Tu veux y aller ce soir ? Oui, go. Hé on s'prend-tu
une photo de nous deux ? Oui, go. Hé j'ai tellement bu que j'me suis écrasé à
terre (oui, go). J'voyais pu rien pis c'était drôle. J'avais comme le bout des
bras engourdis. J'avais perdu mon cell, mais fallait que j'réponde à un texto
full important. Fuck, prend une photo, j'suis trop drôle la face à moitié dans
le vomi et l'autre dans la bière renversée des saoulons sans fond. À moins que
ça soit mon vomi. J'sais pu ah ah ah ah.
Ah ah ah ah ah ah ah ah ah ah ah ah ah
mardi 6 mai 2014
Jeune écrivain cherche riche mécène
J'suis allé au Starbucks pour écrire. J'avais pas vraiment le choix. Au départ, c'était un autre café qui m'intéressait, mais il venait de fermer pour cause d'ouverture d'un nouveau Starbucks. Ça fait que j'ai traversé la rue et me voilà attablé dans un commerce à engrosser des porcs américains avec leur latté à 50 piastres et leurs repas qui coûtent deux mois de loyer. Pis ça parle fort et ça parle de n'importe quoi. J'essaye tant bien que mal de me concentrer, mais tout ce qui me traverse l'esprit est cette voix anglophone qui répète sans arrêt comme un monologue infini «Grandé latté, frappucino caramel, iced mocha, venti cappuccino...» et moi qui meurt sous l'envie irrépressible de taper le plus de lettres possibles sur mon clavier avant de mourir. J'suis sorti. J'étais pu capable. La musique, l'ambiance bourgeoise (si peu bohémienne malgré ses tentatives), mon latté que je venais de terminer. Non, non, non.
Au loin, j'entendais les balançoires musicales pleines de touristes. Ce qui au départ m'avait semblé être une simple et banale poésie urbaine s'était vite transformé en enfer. Il n'y avait nulle part où écrire et absolument plus rien à dire. Même ce délicieux personnage que je venais de créer n'arrivait plus à me faire bander. Son cellulaire camouflait ses plus beaux attraits, bien que j'aurais voulu me noyer dans ses yeux. Mais ces derniers arrivaient à peine à refléter son flux incessant de son univers facebookien.
Jeune écrivain #tout simplement ennuyé. Avec @Yolomonordi et @Noyonsnousdanslalcoolpouroublier
Au loin, j'entendais les balançoires musicales pleines de touristes. Ce qui au départ m'avait semblé être une simple et banale poésie urbaine s'était vite transformé en enfer. Il n'y avait nulle part où écrire et absolument plus rien à dire. Même ce délicieux personnage que je venais de créer n'arrivait plus à me faire bander. Son cellulaire camouflait ses plus beaux attraits, bien que j'aurais voulu me noyer dans ses yeux. Mais ces derniers arrivaient à peine à refléter son flux incessant de son univers facebookien.
Jeune écrivain #tout simplement ennuyé. Avec @Yolomonordi et @Noyonsnousdanslalcoolpouroublier
jeudi 24 avril 2014
Papillon de nuit
Peut-être m'étais-je un peu trop rapproché de la lumière pour
comprendre quoi que ce soit ?
L'éclat de l'astre incendiait en mille
feux ma rétine, me rendant de plus en plus aveugle. Comme un vulgaire insecte,
attiré par un néon, puis brûlé. Où peut-être suis-je simplement et
irrémédiablement séduit par mon appétit de destruction ? Le papillon de nuit
sait-il qu'il risque la mort en approchant désespérément la flamme d'une chandelle ? Et s'il le
savait, s'arrêterait-il pour autant ? Entre mourir et être heureux, ou vivre
sans éclats, le choix est assez évident. Je n'ai plus peur de la mort. Mais
j'ai une incommensurable phobie du malheur. Ou plutôt, de la vie sans
éclats.
Je pourrais jurer être exactement à
la même place qu'il y a six mois.
La roue de l'éternel retour qui tourne et tourne et tourne...
La roue de l'éternel retour qui tourne et tourne et tourne...
J'entendais encore son rire, sonnant dans les plus profonds lointains de l'appartement, qui résonnaient entre les parois étroites, répercutant en échos éternels sur les murs blanc de ma chambre. Il avait plu cette journée-là. Et je me rappellerai toujours des orages qui éclataient sur sa figure, dans ses yeux couleurs d'abysses. Il m'avait parlé de son projet. C'était lourd. Trop lourd pour mes petites épaules. Ça m'avait donné mal à la tête. Un peu comme un lendemain de brosse, mais qui ne finirait jamais. Il riait. Mais moi je ne comprenais rien.
Il n'y avait rien à comprendre.
Il n'y avait rien à comprendre.
La Dame à la clôture bleue
Et parfois, je pense à elle, complètement oubliée de la mosaïque
de son passée, recluse dans son petit malheur prolétarien de banlieusarde. La
vie n'avait pas été juste avec elle, mais la vie, que j'appris avec du recul,
ne connaît aucune justice. La seule qui existe est celle que l'on se créer. Et
si la pitié m'envahit alors que je la vois dépérir, je ne peux empêcher
l'angoisse montant en mon être de me rappeler la décision désagréable,
tranchante, que je dû faire quelque mois plus tôt. Ou bien alléger quelque peu
son malheur (si la chose est belle est bien possible) en restant à ses côtés et
ainsi sombrer sous l'énorme claustrophobie d'une charge trop lourde pour mes
épaules frêles, ou bien partir, ne pas regarder en arrière et continuer la tête
haute vers le sentier de mon destin. Et si, parfois, il m'arrive de regarder en
arrière, ce n'est que pour me rappeler mon bonheur, autrefois étroitement
éphémère, devenu réalité sur la route que je trace aujourd'hui par
moi-même. L’égoïsme, comme seul moyen de survie.
Non, je ne regrette rien. Sauf, peut-être,
de ne pouvoir transformer ma joie en maladie contagieuse. Mais, de cette
maladie, elle a depuis longtemps contracté tous les anticorps possibles.
dimanche 20 avril 2014
Penseur, cesse de penser
Enthousiasmé par la joie occasionnelle d'une brève interruption mentale
Il va, courant plus vite que les torrents, à l'encontre de l'astre fabuleux
Et prend feu, et brûle, et se consume jusqu'à l'interminable filtre
Qu'il honorait, autrefois, lorsque sa vie n'était qu'interne
Et terne et insignifiante et disgracieusement blasphématoire
Et qui, aujourd'hui, lui fait se dire: «comme je suis laid !»
Il va, courant plus vite que les torrents, à l'encontre de l'astre fabuleux
Et prend feu, et brûle, et se consume jusqu'à l'interminable filtre
Qu'il honorait, autrefois, lorsque sa vie n'était qu'interne
Et terne et insignifiante et disgracieusement blasphématoire
Et qui, aujourd'hui, lui fait se dire: «comme je suis laid !»
mercredi 26 mars 2014
Changer de cap pour voir cette facette inédite de la vie, celle
qui n'était qu'un reflet d'une possibilité antérieure. Trouver une nouvelle
trajectoire et monter à pieds joints sur celle-ci pour voir un peu de paysages.
Tourner et tourner jusqu'à en être étourdit par le vent de la liberté et le
sens de la gravité qui tient mes pieds biens ancrés dans ce sol riche et
nouveau qui resplendit de sa fertilité. Planter une graine, simplement pour la
voir pousser, prendre de l'expansion et toucher le ciel des possibilités.
Ramasser son fruit si juteux, si vivant, chaque jour, sans jamais être rassasié
et toujours en restant sur son appétit. Boire. Boire, comme jamais auparavant
on aura bu, à même la source dans laquelle l'arbre prend racine. Boire jusqu'à
en s'étouffer et tousser tout ce qui a de plus laid hors de soi pour l'expulser
hors du jardin immaculé et ne plus jamais le revoir. Et nager jusqu'aux plus
bas fonds de ce lac pour en ressortir que lorsqu'il n'y a plus une once
d'oxygène dans les poumons et que la première respiration devient alors
jouissance. Et alors, le ciel de se montrer dans toute sa nudité la plus
profane, la plus nihiliste, la plus sauvage, et qui murmure, de ses ouragans
silencieux, cette vieille chanson, tant reprise, qui a un air si doux, une
mélodie si envoûtante et qui berce le monde depuis avant même qu'il soit
chérubin. Puis, j'ouvre les yeux.
Tiens, j'aurais juré que le soleil se
couchait à l'ouest et non au sud.
lundi 24 mars 2014
Volonté de puissance ramollie
Alors que je suis assis devant une magnifique journée aux reflets
dorés et que je m'ennuie tranquillement, sans trop de désespoir, je ne cherche
qu'un peu de délivrances aux douleurs d'un printemps tardif. Alors que je suis,
monotone, cette même routine vicieuse porteuse d'aucun avenir avec une
désinvolture sincère et inavouée, je ne cherche qu'une issue, une façon de voler loin d'un ennuie constant et désagréable.
Alors que j'écris ces lignes, je cherche désespérément le soleil. Certes, j'ai autrefois été qualifié de rêveur, mais je ne me reconnais plus dans cette définition. Même la douce échappatoire qu'est la pensée n'arrive plus à rassasier mon appétit constant pour l'aventure. Je dois partir, courir, jusqu'au bout de cette terre pour ne plus voir ce monde de fou. Ce même monde dans lequel je tente, depuis bientôt dix-neuf ans, de me faire une place bien au chaud et qui reste, pourtant, bien hostile à ma soif.
Alors que j'écris ces lignes, je cherche désespérément le soleil. Certes, j'ai autrefois été qualifié de rêveur, mais je ne me reconnais plus dans cette définition. Même la douce échappatoire qu'est la pensée n'arrive plus à rassasier mon appétit constant pour l'aventure. Je dois partir, courir, jusqu'au bout de cette terre pour ne plus voir ce monde de fou. Ce même monde dans lequel je tente, depuis bientôt dix-neuf ans, de me faire une place bien au chaud et qui reste, pourtant, bien hostile à ma soif.
Suis-je un paresseux qui ne cesse de se
plaindre ? Suis-je un pelleteur de nuage qui lit Nietzsche pour avoir bonne
conscience ? Je suis en quête. Mais la quête est longue et les stupéfiants ne
font qu'endormir mes sens assoiffés. Ce monde est malade. Et il est de plus en
plus contagieux.
mercredi 12 mars 2014
Coupure
Laisse-moi être clair avec toi. Il y a moi, maintenant, et il y
avait un petit garçon. Tous les deux avons le même nom et pourtant deux vies
complètements différentes.
Il eut lui et là il y a moi. C'est tout. Ne
cherche pas de lien.
La junkie
Elle est venue me parler, comme ça, après dix ans d'absence. Ce
n'était pas qu'elle m'avait manqué. Elle n'avait joué qu'un rôle secondaire
dans ma vie, presque une figuration. Son visage auparavant si joyeux était à
présent ravagé de ce qui me semblait être une fatigue intense. Erreur. C'était
la drogue. Encore et toujours ce serpent vorace assaillant même les plus purs
de ce monde. Si vous l'aviez vu, une décennie plus tôt, jamais vous n'auriez
cru à ces crevasses qui forment aujourd'hui son visage. Je me rappelai qu'il
n'y a pas si longtemps je devais avoir l'air à peu près semblable. Moi non
plus, vous ne l'auriez pas cru à l'époque. Pourtant comme tout cela semblait
avoir du sens dans ma vie ! Et toujours le serpent rode, prêt à m'assaillir au
moindre signe de faiblesse.
Si je suis plus fort depuis quelque
temps, c'est en partie parce que j'ai arrêté et en partie parce que j'ai peur
du serpent. C'est bien de se l'admettre. Maintenant, il me faut briser cette
peur. Mieux, il me faut en rire. Parce qu'il n'y a rien de pire au monde que de
respecter ses peurs. C'est comme s'abaisser devant son bourreau. Se mettre
directement la corde au cou. Et mon cou, plus jamais, ne souhaite se faire
enchaîner.
Je suis un chien sans laisse. Et quand
j'ai vu la junkie, je n'avais qu'une seule envie: grogner. Grogner de toute ma
gorge pour la fuite du serpent venimeux.
Sangsue
Tu
voles comme tu respires. Parasite que tu es, tu ne peux vivre sans l'existence
de l'autre. Tu gruges et tu dévores, à tour de rôle, énergie, joie et déprime.
As-tu seulement une existence extérieure à l'autre ? Si l'on coupait du jour au
lendemain tous les ponts, sombrerais-tu dans le néant de l'existence ? Que
serions-nous sans les sangsues de notre vie ? Irions-nous beaucoup plus loin
sans ce fardeau, ce boulet qui nous retient comme un prisonnier ? Ne t’agrippe
pas à moi, par pitié ! Mon âme est faite pour voler et toi tu as comme ambition
de ses ailes lui amputer ! Assassin, sans destin ! De quoi as-tu peur ? De quoi
souffres-tu ? Allez, ce n'est pas sain que cette existence ! Allez, invente-toi
donc une réalité !
Le lion et la tempête
Hier, c'était le printemps. À vrai dire, ce n'était qu'un mince
aperçu, une oasis perdue au milieu de l'hiver, comme venu pour nous narguer.
Hier, c'était le printemps et un feu de joie brûlait en mon cœur. On voyait les
gens heureux, on sentait l'air chaud sur notre peau et des bouts de gazon
criaient alléluia à la photosynthèse.
Hier, j'ai marché, longuement, sans pour
une fois ressentir l'envie de m'immoler vivant. Le soleil resplendissait de ses
jours les plus heureux, miroitant la flamme du plaisir le plus brut. Hier, c'était
le printemps. Et aujourd'hui ?
Aujourd'hui, l'oasis fut attaquée, brisée.
Ce n'était qu'un mirage au milieu du blizzard, notre envie extériorisée au
milieu de la grande dépression. J'ai réentendu les «j'ai hâte que ça soit
l'été» qui ont tant ponctué mes journées de décembre à février. J'ai revécu le
malaise.
Mais cet hiver-ci n'a pas été comme les
autres. Il m'a beaucoup appris, certes. Et je n'ai peur d'avouer d'en être
ressorti vainqueur. Car cet hiver, j'ai appris la nécessité d'être guerrier.
Oui, moi, être presque entièrement pacifiste, j'ai appris qu'à travers l'hiver
on ne peut se laisser marcher sur les pieds. Ou bien on se bat, et ainsi on
fait reculer la glace, ou bien on fige et on sombre. Et nous, peuple nordique,
sommes le reflet même de ce climat. Il faut combattre la mauvaise influence, la
réduire en morceaux et la détruire si l'on ne veut pas être détruit. Oui, j'ai
hâte qu'il soit été sur mon pays. Mais je sais aussi que de s'enfermer dans
cette nostalgie ne vient qu'accentuer le manque et la déprime. Bien des hivers
passeront encore et aussi bien des étés. Il va falloir, tôt ou tard, s'y
habituer. Ou alors mourir.
vendredi 21 février 2014
Survivre février
Le creux, les abysses de mon passé
Loin loin de moi cette mauvaise énergie, par pitié
Le creux, l'inspiration, la démotivation, le regret
La naissance, la mort, la renaissance, la deuxième mort....
Inspire, expire, inspire, expire, expire, expire, expire....
Le froid, la neige, la pluie, l'eau, le cycle infini de la vie
La roue qui tourne, l'éternel retour
Survivre à février
Loin loin de moi cette mauvaise énergie, par pitié
Le creux, l'inspiration, la démotivation, le regret
La naissance, la mort, la renaissance, la deuxième mort....
Inspire, expire, inspire, expire, expire, expire, expire....
Le froid, la neige, la pluie, l'eau, le cycle infini de la vie
La roue qui tourne, l'éternel retour
Survivre à février
mercredi 19 février 2014
J'aimerais tant pleurer toutes les larmes accumulées qui n'ont
jamais réussi à sortir. J'aurais tant aimé me vider de tout ce mal qui
m'habite, cet étrange malaise d'un désagréable invivable. C'est comme si je
perdais le contact. Où sont mes émotions ? Ai-je déjà eu un cœur ? Je suis si
fragile, si nu derrière cette façade constante que je ne fais même plus de
sens. Ai-je déjà eu un sens ? Y a-t-il vraiment une bonne raison de vivre
?
Donne-moi un peu de souffle, car j'ai du
mal à reprendre mon inspiration. Toi qui vibre de toutes tes cordes, moi qui
sombre dans le pathétisme le plus extrême. Je ne cherche pas de podiums. Je ne
cherche pas de gloire. Je cherche simplement un peu d'humanité compréhensive
dans un monde où tout va de plus en plus vite. Je n'ai pas envie d'aller vite.
Je n'ai pas envie de courir après votre bonheur. Mais c'est que, à côté du vôtre,
le mien semble si petit, si insensé. Si inutile.
Je ne navigue pas sur vos mers. Je ne sens
pas votre brise qui gonfle vos voiles. Moi je dérive, à contre-courant. Et
j'essaye tant bien que mal de m'en sortir avec ma situation. Où est passé mon
bonheur ? L'avez-vous ramassé en chemin ? Lui qui semblait se noyer dans vos
eaux. J'ai encore le goût de la vie. N'essayez plus de me le ravir.
Et toujours ce même constat douloureux:
«Où est passé le lion ?»
vendredi 31 janvier 2014
Fiction du vin
«Mon passé ? Mais en quoi ça peut bien te foutre de t'intéresser à
mon passé ?»
Les mots étaient sortis trop vite sous
l'impulsion de l'irritation. C'était pas bon. C'était toujours dans ces moments-là que je devenais violent.
«Fâche-toi pas, j'essaye juste de
m'intéresser un peu à toi»
Il était là, nu comme un ver, dans mon
lit. Il était aussi nu que la sculpture de David et pourtant j'avais juste
envie qu'il se rhabille. J'avais juste envie qu'il parte.
«Mon passé, c'est mon passé et t'as aucunement le droit
de m'en parler. En fait, j'ai pas besoin qu'on s'intéresse à moi. Tu peux
arrêter d'essayer»
Il n'avait pas l'air de comprendre la
guerre sanglante qui se jouait en mon visage. Il ne comprenait jamais
rien.
«Je suis là, maintenant, live. Pourquoi t'aurais besoin
d'en savoir plus ? C'est pas assez ? »
«Arrête Sam. J'ai compris »
«J'ai pas de passé. Pose-moi pu c'te genre
de question-là»
«D'accord»
Le silence fut long pendant longtemps. En
fait, je dis silence, mais
ce n'est pas entièrement vrai. Le disque d'Harmonium que j'avais mis achevait
et je redoutais le vide, le vrai, celui qui arriverait après la chanson.
Pourquoi après le sexe venaient toujours les discussions les plus
inintéressantes ? J'avais juste envie de baiser. J'avais pas besoin qu'il me
parle de ça.
Je me suis levé pour remplir mon verre. Le
vin commençait vraiment à me monter à la tête. Pourtant j'en voulais toujours
plus. Un vrai trou. Il m'a regardé bizarre après que j'aie rempli mon verre.
«T'en veux ?»
«Non merci. J'en ai bu assez pour à soir»
«Comme tu veux»
De toute façon, j'avais juste dit ça pour
être poli. Tant mieux s'il n'en prenait pas. Ça en faisait plus pour moi.
Surtout une bonne bouteille comme ça. Si j'avais pu, je me le serais injecté
directement dans les veines.
J'avais chaud. C'était absurde. J'étais
absurde et saoul et complètement nu. Tiens, remarquais-je, il n'y a plus de musique. Habituellement, je me serais levé
pour aller mettre un autre album. Mais pas ce soir. Peut-être que c'était de ça
que j'avais besoin ? Du silence pur et brut. Y'a rien de mieux pour me
relaxer.
Mais évidemment il se remit à parler,
probablement pour couvrir le malaise lourd et sale que j'avais introduit dans
mon lit. Je l'écoutais à moitié, faisant des mhmm et
des ah bon de temps en temps. C'était pas du tout
important tout ça. C'était remuer de l'air pour une simple brise. Moi, j'avais
envie d'un ouragan.
Après un court laps de temps et une coupe
de vin, je décidai que ça en était assez. Je lui sautai dessus. Ça, ça lui en a
boucher un coin. Ou deux. Il n'a pas reparlé après ça. Il s'est endormi bien
vite après sa petite mort. Et moi, je restai là à attendre qu'il
s'endorme.
Lorsqu'il se réveilla, je n'étais plus
là.
dimanche 26 janvier 2014
Écriture automatique
Je ne sais que faire de tout ce bouillonnement qui frissonne mon
corps. C'est comme si je canalisais cent mille énergies à la fois sans pourtant
réussir à en synthétiser une seule. L'énergie pénètre par mes jambes et remonte
tout le long de ma colonne jusqu'au haut de mon dos. Sur mon crâne danse une
couronne pourpre qui tangue sous la flamme de l'univers. Je respire cet air
nouveau qui balaie la terre aussi vieille que l'éternité. Et je me sens
renaître de mes cendres. Voilà toute ma force: je suis un phénix qui ne cesse
de vivre les renaissances de tous moments. Je ne peux endurer plus que quelques
instants un stade de ma conscience. Il me faut le mouvement. Il me faut bouger.
Je dois me sentir connecter à cette terre qui m'habite. Je dois vivre à cent
cinquante millions de kilomètres à la seconde tout en possédant la sagesse de
savoir savourer un instant aussi longuement qu'une vie. Voilà le paradoxe fort
simple de mon existence.
Alors que je passe la nuit debout et que
je n'ai point connu de sommeil depuis plus de vingt-quatre heures, je sens la
valse de la vie qui me rattrape. L'insomnie est parfois ma seule amie, mon seul
espoir avant l'aube et je me dois de la chérir. Le sol tangue sous mes pieds
alors que j'essaie en vain de me créer un centre de gravité. C'est comme ça la
vie: parfois on tente de se stabiliser et pourtant tout glisse vers le néant.
Je dois survivre jusqu'à l'aube pour vivre le septième ciel. C'est comme ça. Point.
samedi 25 janvier 2014
Le rugissement du lion
Ô lion de feu habitant mon corps
Qui rugit, lumière d'un vacarme orageux
Sur mon âme, ton souffle de vie est d'or
Et découvre de tous nuages mon ciel ténébreux
Je vois à présent et pour la première fois
Le soleil, ma source inépuisable d'inspiration
Sur ma peau, la chaleur inébranlable de ses rayons
Atteint mon espoir et, en la vie, m'a redonné foi
Cet hiver, je n'ai plus peur de le confronter
Plus jamais mon coeur ne se laissera givrer
Car je m'élève, ô oui, je me sens vibrer
Des hauteurs d'une sagesse empreinte de liberté
Et je vois, enfin, de cette montagne incommensurable
L'appel des horizons de l'inconnu, quelle familiarité !
Je flotte la teinte empreinte de rythmes endiablés
Et les pieds, par la terre, enracinés dans l'éternité
lundi 13 janvier 2014
L'Odyssée du lion: le cinquième jour, ou le lion amoureux du soleil
«J'ai une crinière d'or reflétant les rayons les plus puissants
De l'astre de feu qui brûle en mon cœur
J'ai une volonté de fer qui ne connaît guère les leurres
Je suis léger, je pense profond, je vis vaillamment
Le soleil me brûle le corps tout entier
Je n'ai jamais rien connu de tel
Les vents inconnus de la hauteur
m'appellent
Je suis ma voie, mon seul et unique
sentier
De la destinée, je ne connais pas
Je décide plutôt d'expérimenter ma propre
foi
Quand rien ne semble adéquat pour moi
Il faut savoir vivre hors la loi
Des valeurs et des dogmes insidieux
J'en ai vu des milliers, du perçant de mes
yeux
Je refuse d'avaler ces pensées du peureux
Je suis, et resterai toujours, mon propre
dieu
Puisses-tu me guider de ta force
surhumaine
Ô toi, étoile de vie, lumière de force
Je pousserai bientôt ce rugissement de mon
abdomen
Pour que dans l'éternité, tu incendies mon
insatiable torse»
Ainsi parla le lion au Soleil
Vermeille, précieux et sans pareil
Courant droit devant vers son but
De son bonheur le plus brut
samedi 11 janvier 2014
L'Odyssée du lion: le quatrième jour, ou comment le lion fit halte le temps d'une dernière nuit
Le lion fit halte au quatrième jour et s'installa près d'un lac
tranquille au milieu de la forêt. Le crépuscule prenait naissance et le lion se
préparait à faire ses adieux. En effet, il devra saluer une dernière fois sa
grande amie, la nuit, avant d'effectuer son périple, sa bataille ultime pour la
liberté. Le lion était plein de chagrin, car la nuit avait toujours été son
royaume. Bien plus que cela, elle avait été sa plus grande complice. Lorsque
les journées n'avaient plus rien à offrir au lion, c'était la nuit qui lui
faisait asile. Lorsqu'il se sentait plus que rejeté par ce monde auquel il
n'adhérait pas, c'était dans la nuit qu'il avait trouvé son plus grand refuge.
La nuit était tout pour lui et il voulait lui rendre tout son amour en cette
soirée du Quatrième jour.
Lorsque le soleil fut depuis longtemps
couché et que la lune atteignit son zénith, plus aucune larme ne perlait aux
yeux du lion. Pourquoi pleurer une si grande amitié ? Ce n'était pas que de lui
rendre hommage en pleurnichant de la sorte. Alors il se releva et se rapprocha
du lac dans lequel il observa son reflet. Il y vit la lune, grandiose et
solitaire dans un ciel sombre couvert de nuages. Dommage qu'il n'y ait pas eu
les étoiles puisque le lion aimait bien ces petites âmes scintillantes qui accompagnaient
l'astre lunaire dans sa trajectoire. Il se détourna du lac et se laissa couvrir
par la brise calme du vent nocturne.
En vérité, le lion était un être de nuit.
Tout le sang coulant en lui provenait de la nuit la plus sombre et brumeuse
qu'il n'y avait pas. Pourtant, il lui fallait tuer la nuit pour vivre
entièrement du soleil. Ce n'était que de cette façon qu'il parviendrait à
recouvrir l'équilibre précaire de sa vie. Ce n'était pas un adieu véritable,
seulement un hommage à son passé qu'il tenait à rendre avant de pousser son
premier rugissement. Le lion était né d'une volonté et d'un espoir aussi
brûlant que le soleil à son midi et d'une profondeur aussi insondable que la
lune par temps nuageux. Et cela, il ne l'oubliera jamais.
Un peu avant l'aube, le lion parla ainsi:
«Amie, nous partons tous les deux dans des directions complètement opposées et
pourtant nos chemins ne pourraient être plus liés. Pardonne-moi ce départ, mais
je me dois d'écouter mon cœur et il désire le soleil. Il a besoin du soleil. Il
l'exige de son énorme voix et je me dois de l'écouter. Le jour où la volonté
d'un individu sera contraire à la voix de son cœur, ce sera la fin de son règne
et le début de sa déchéance. Nuit, j'espère plus que tout te retrouver dans une
prochaine vie. Puisse ton immense clémence et ton amour pour les âmes
solitaires ne jamais changer ! Je ne t'oublierai jamais. »
Le lion prit le temps d'apprécier la nuit
jusqu'à ces dernières secondes. Il se laissa bercer par le calme, les yeux
fermés, mais les sens enivrés de son amie.
Alors le lion s'en alla, aussi léger que
l'air. Ses pas le menèrent, candides, vers l'Aube naissante d'une merveilleuse
journée.
mardi 7 janvier 2014
L'Odyssée du lion: le troisième jour, ou comment le lion fit de ses observations une terrible conclusion
Au troisième jour, le lion
De son invisibilité, déambula
Les avenues glaciales de son ascension
Et en lui eut lieu tous les débats
D'abord, il n'y a point de bien
Et point de mal; seulement la réalité
Ne les cherchez pas, car en vain
Sur une impossibilité, vous chuterez
Ensuite, tout ce produit pour une raison
Mais ne cherchez point de raison à
l'action
Telle la beauté, elle est
inexplicable
Et d'admettre le contraire serait
l'irréparable
Et, parlant de la beauté, elle est en
toutes choses
Elle ne connaît aucune valeur préétablie
Et en elle règne la subjectivité; gloire à
celui qui ose
Tenir les rênes rebelles de son interne
poésie !
Certes, le lion comprit énormément en
disparaissant
Le monde n'était peut-être pas prêt pour
lui
Mais qu'en a-t-il à faire lorsqu'en lui
brûle la vie ?
Et qu'elle ne connaisse la satiété,
l'aveugle épanouissement ?
Le lion comprit aussi qu'il devra bientôt
rugir
À ses pieds, la patrie qu'il tente
d'atteindre, d'unir
Et qu'il tantôt cherchait tant à fuir
Devra, sous son poids, fléchir
Ou alors
mourir
Alors le lion comprit que la première
bataille se mènera au cœur même de sa patrie
dimanche 5 janvier 2014
L'Odyssé du lion: le deuxième jour, ou comment le lion parvint à devenir invisible
Au deuxième jour, le lion pleura
Devant l'immensité qu'était sa quête
Il arriva à ce simple constat :
Se battre, pour éviter la reconquête
Son cœur se remplit du désespoir brûlant
Habitant ces contrées
inhospitalières
Dans lesquelles il devrait vivre, régnant
Aussi glorieusement que son royaume d'Hier
Si c'était cela le monde, peut-être
avait-il
fait la plus grande erreur de sa vie
Peut-être aurait-il dû rester sur son île
?
Où il pouvait laisser aller librement ses
appétits
Mais ce monde-ci n'était pas son habitat
Et il était bien loin d'être invincible
Alors le lion arriva à ce second constat :
Pour survivre, il devra devenir invisible
Alors le lion disparut de tous regards
jeudi 2 janvier 2014
L'Odyssé du lion: le premier jour, ou comment le lion se réveilla d'un long et profond sommeil
Au premier jour le lion se leva
Et de ses yeux voilés observa
La cruauté régnante, joliment cruelle
D'un monde auquel il n'appartenait pas
Alors il décida de se recoucher.
Et de ses yeux voilés observa
La cruauté régnante, joliment cruelle
D'un monde auquel il n'appartenait pas
Alors il décida de se recoucher.
Le prince est mort ! Longue vie au roi !
Terminée la brumeuse épopée
De l'enfant mature, buzzé
Voici maintenant venir, candide
Le règne du lion lucide
De l'enfant mature, buzzé
Voici maintenant venir, candide
Le règne du lion lucide
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