Et parfois, je pense à elle, complètement oubliée de la mosaïque
de son passée, recluse dans son petit malheur prolétarien de banlieusarde. La
vie n'avait pas été juste avec elle, mais la vie, que j'appris avec du recul,
ne connaît aucune justice. La seule qui existe est celle que l'on se créer. Et
si la pitié m'envahit alors que je la vois dépérir, je ne peux empêcher
l'angoisse montant en mon être de me rappeler la décision désagréable,
tranchante, que je dû faire quelque mois plus tôt. Ou bien alléger quelque peu
son malheur (si la chose est belle est bien possible) en restant à ses côtés et
ainsi sombrer sous l'énorme claustrophobie d'une charge trop lourde pour mes
épaules frêles, ou bien partir, ne pas regarder en arrière et continuer la tête
haute vers le sentier de mon destin. Et si, parfois, il m'arrive de regarder en
arrière, ce n'est que pour me rappeler mon bonheur, autrefois étroitement
éphémère, devenu réalité sur la route que je trace aujourd'hui par
moi-même. L’égoïsme, comme seul moyen de survie.
Non, je ne regrette rien. Sauf, peut-être,
de ne pouvoir transformer ma joie en maladie contagieuse. Mais, de cette
maladie, elle a depuis longtemps contracté tous les anticorps possibles.
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