jeudi 24 avril 2014

Papillon de nuit

Peut-être m'étais-je un peu trop rapproché de la lumière pour comprendre quoi que ce soit ? 

L'éclat de l'astre incendiait en mille feux ma rétine, me rendant de plus en plus aveugle. Comme un vulgaire insecte, attiré par un néon, puis brûlé. Où peut-être suis-je simplement et irrémédiablement séduit par mon appétit de destruction ? Le papillon de nuit sait-il qu'il risque la mort en approchant désespérément la flamme d'une chandelle ? Et s'il le savait, s'arrêterait-il pour autant ? Entre mourir et être heureux, ou vivre sans éclats, le choix est assez évident. Je n'ai plus peur de la mort. Mais j'ai une incommensurable phobie du malheur. Ou plutôt, de la vie sans éclats. 

Je pourrais jurer être exactement à la même place qu'il y a six mois.

La roue de l'éternel retour qui tourne et tourne et tourne...

J'entendais encore son rire, sonnant dans les plus profonds lointains de l'appartement, qui résonnaient entre les parois étroites, répercutant en échos éternels sur les murs blanc de ma chambre. Il avait plu cette journée-là. Et je me rappellerai toujours des orages qui éclataient sur sa figure, dans ses yeux couleurs d'abysses. Il m'avait parlé de son projet. C'était lourd. Trop lourd pour mes petites épaules. Ça m'avait donné mal à la tête. Un peu comme un lendemain de brosse, mais qui ne finirait jamais. Il riait. Mais moi je ne comprenais rien.

Il n'y avait rien à comprendre.

La Dame à la clôture bleue

Et parfois, je pense à elle, complètement oubliée de la mosaïque de son passée, recluse dans son petit malheur prolétarien de banlieusarde. La vie n'avait pas été juste avec elle, mais la vie, que j'appris avec du recul, ne connaît aucune justice. La seule qui existe est celle que l'on se créer. Et si la pitié m'envahit alors que je la vois dépérir, je ne peux empêcher l'angoisse montant en mon être de me rappeler la décision désagréable, tranchante, que je dû faire quelque mois plus tôt. Ou bien alléger quelque peu son malheur (si la chose est belle est bien possible) en restant à ses côtés et ainsi sombrer sous l'énorme claustrophobie d'une charge trop lourde pour mes épaules frêles, ou bien partir, ne pas regarder en arrière et continuer la tête haute vers le sentier de mon destin. Et si, parfois, il m'arrive de regarder en arrière, ce n'est que pour me rappeler mon bonheur, autrefois étroitement éphémère, devenu réalité sur la route que je trace aujourd'hui par moi-même. L’égoïsme, comme seul moyen de survie.


Non, je ne regrette rien. Sauf, peut-être, de ne pouvoir transformer ma joie en maladie contagieuse. Mais, de cette maladie, elle a depuis longtemps contracté tous les anticorps possibles. 

dimanche 20 avril 2014

Penseur, cesse de penser

Enthousiasmé par la joie occasionnelle d'une brève interruption mentale
Il va, courant plus vite que les torrents, à l'encontre de l'astre fabuleux
Et prend feu, et brûle, et se consume jusqu'à l'interminable filtre
Qu'il honorait, autrefois, lorsque sa vie n'était qu'interne
Et terne et insignifiante et disgracieusement blasphématoire
Et qui, aujourd'hui, lui fait se dire: «comme je suis laid !»