mardi 13 mai 2014

Chatouillement orgasmique intérieur

J'ai pas dû dormir depuis un siècle. Comment les gens font-ils ? C'est comme si, dès que ma tête se déposait sur mon oreiller, des tas de pensées telles des poussières du temps venaient s’apposer sur ma conscience. La conscience. Mais moi je ne veux pas être conscient. Les limbes. Pourquoi le besoin de toujours y revenir ? Combattre le vide par le vide. Subir serait beaucoup plus exact. Qui choisit pour moi ? Depuis quand ai-je le choix ? On a toujours le choix. Tous les jours. Aujourd'hui, j'ai choisi de me laisser aller. Observer. C'était étrange et bien. Changement de perspective. Ramener les choses à un degré beaucoup plus vrai, plus cru. Médium saignant, mais plus saignant que médium finalement. Aujourd'hui, j'ai vu bien du monde vénérer. Ils étaient plusieurs centaines. Les écrans. Partout. Et beaucoup trop de gens pour les regarder, la bave au coin de la bouche. C'est triste. On est triste. Ben non, on l'est pas tant que ça. Ah ouin ? Explique-moi donc ça. Ben j'sais pas là...hé on va tu aux foufs ? Tu veux y aller ce soir ? Oui, go. Hé on s'prend-tu une photo de nous deux ? Oui, go. Hé j'ai tellement bu que j'me suis écrasé à terre (oui, go). J'voyais pu rien pis c'était drôle. J'avais comme le bout des bras engourdis. J'avais perdu mon cell, mais fallait que j'réponde à un texto full important. Fuck, prend une photo, j'suis trop drôle la face à moitié dans le vomi et l'autre dans la bière renversée des saoulons sans fond. À moins que ça soit mon vomi. J'sais pu ah ah ah ah.


Ah ah ah ah ah ah ah ah ah ah ah ah ah

mardi 6 mai 2014

Jeune écrivain cherche riche mécène

J'suis allé au Starbucks pour écrire. J'avais pas vraiment le choix. Au départ, c'était un autre café qui m'intéressait, mais il venait de fermer pour cause d'ouverture d'un nouveau Starbucks. Ça fait que j'ai traversé la rue et me voilà attablé dans un commerce à engrosser des porcs américains avec leur latté à 50 piastres et leurs repas qui coûtent deux mois de loyer. Pis ça parle fort et ça parle de n'importe quoi. J'essaye tant bien que mal de me concentrer, mais tout ce qui me traverse l'esprit est cette voix anglophone qui répète sans arrêt comme un monologue infini «Grandé latté, frappucino caramel, iced mocha, venti cappuccino...» et moi qui meurt sous l'envie irrépressible de taper le plus de lettres possibles sur mon clavier avant de mourir. J'suis sorti. J'étais pu capable. La musique, l'ambiance bourgeoise (si peu bohémienne malgré ses tentatives), mon latté que je venais de terminer. Non, non, non.

Au loin, j'entendais les balançoires musicales pleines de touristes. Ce qui au départ m'avait semblé être une simple et banale poésie urbaine s'était vite transformé en enfer. Il n'y avait nulle part où écrire et absolument plus rien à dire. Même ce délicieux personnage que je venais de créer n'arrivait plus à me faire bander. Son cellulaire camouflait ses plus beaux attraits, bien que j'aurais voulu me noyer dans ses yeux. Mais ces derniers arrivaient à peine à refléter son flux incessant de son univers facebookien.

Jeune écrivain #tout simplement ennuyé. Avec @Yolomonordi et @Noyonsnousdanslalcoolpouroublier

jeudi 24 avril 2014

Papillon de nuit

Peut-être m'étais-je un peu trop rapproché de la lumière pour comprendre quoi que ce soit ? 

L'éclat de l'astre incendiait en mille feux ma rétine, me rendant de plus en plus aveugle. Comme un vulgaire insecte, attiré par un néon, puis brûlé. Où peut-être suis-je simplement et irrémédiablement séduit par mon appétit de destruction ? Le papillon de nuit sait-il qu'il risque la mort en approchant désespérément la flamme d'une chandelle ? Et s'il le savait, s'arrêterait-il pour autant ? Entre mourir et être heureux, ou vivre sans éclats, le choix est assez évident. Je n'ai plus peur de la mort. Mais j'ai une incommensurable phobie du malheur. Ou plutôt, de la vie sans éclats. 

Je pourrais jurer être exactement à la même place qu'il y a six mois.

La roue de l'éternel retour qui tourne et tourne et tourne...

J'entendais encore son rire, sonnant dans les plus profonds lointains de l'appartement, qui résonnaient entre les parois étroites, répercutant en échos éternels sur les murs blanc de ma chambre. Il avait plu cette journée-là. Et je me rappellerai toujours des orages qui éclataient sur sa figure, dans ses yeux couleurs d'abysses. Il m'avait parlé de son projet. C'était lourd. Trop lourd pour mes petites épaules. Ça m'avait donné mal à la tête. Un peu comme un lendemain de brosse, mais qui ne finirait jamais. Il riait. Mais moi je ne comprenais rien.

Il n'y avait rien à comprendre.

La Dame à la clôture bleue

Et parfois, je pense à elle, complètement oubliée de la mosaïque de son passée, recluse dans son petit malheur prolétarien de banlieusarde. La vie n'avait pas été juste avec elle, mais la vie, que j'appris avec du recul, ne connaît aucune justice. La seule qui existe est celle que l'on se créer. Et si la pitié m'envahit alors que je la vois dépérir, je ne peux empêcher l'angoisse montant en mon être de me rappeler la décision désagréable, tranchante, que je dû faire quelque mois plus tôt. Ou bien alléger quelque peu son malheur (si la chose est belle est bien possible) en restant à ses côtés et ainsi sombrer sous l'énorme claustrophobie d'une charge trop lourde pour mes épaules frêles, ou bien partir, ne pas regarder en arrière et continuer la tête haute vers le sentier de mon destin. Et si, parfois, il m'arrive de regarder en arrière, ce n'est que pour me rappeler mon bonheur, autrefois étroitement éphémère, devenu réalité sur la route que je trace aujourd'hui par moi-même. L’égoïsme, comme seul moyen de survie.


Non, je ne regrette rien. Sauf, peut-être, de ne pouvoir transformer ma joie en maladie contagieuse. Mais, de cette maladie, elle a depuis longtemps contracté tous les anticorps possibles. 

dimanche 20 avril 2014

Penseur, cesse de penser

Enthousiasmé par la joie occasionnelle d'une brève interruption mentale
Il va, courant plus vite que les torrents, à l'encontre de l'astre fabuleux
Et prend feu, et brûle, et se consume jusqu'à l'interminable filtre
Qu'il honorait, autrefois, lorsque sa vie n'était qu'interne
Et terne et insignifiante et disgracieusement blasphématoire
Et qui, aujourd'hui, lui fait se dire: «comme je suis laid !»